top of page

L'intelligence des plantes

 

Les mouvements véganisme et végétarien ont été grandement influencés par les découvertes scientifiques à propos de la conscience animale. Cependant une question encore non élucidée se pose au sujet de l’intelligence des plantes.

Anciennement les plantes étaient définies comme des organismes dépourvues de sensation : « Plants live without sensations, and it is by sensation that we distinguish animal from what it is not animal » (Aristotle, 1984). Cependant l’observation de nombreux phénomènes végétaux et par le biais de nombreuses découvertes scientifiques, cette affirmation est remise en question. Charles Darwin dans son livre « Le Pouvoir du mouvement chez les Plantes » a même parlé de cerveau de bas niveau présent chez les plantes  (Lambert-Sébastiani, 2013). L’étude de Darwin a évolué avec le temps, la découverte et l’explication de nombreuses capacités des plantes, la présence de sensations, ce qui nous amène aujourd’hui à se poser la question à propos d’une éventuelle intelligence et consciences des plantes.

Dans les années 70, de nombreux scientifiques se sont penchés sur la question de la perception de l’environnement par les plantes. Le livre : ‘The Secret Life of Plants: A Fascinating Account of the Physical, Emotional and Spiritual Relations Between Plants and Men’ (Tomkins and Bird, 1973) explore et approfondit les travaux de Backster de 1966.

 

Membre de la CIA et performeur d’un détecteur de mensonges, il a étudié les réponses des plantes face à différentes atmosphères par l’observation de signaux électriques via des polygraphes mesurant la résistance électrique des feuilles des plantes.

 

                                                                Henry Groskinsky/Time Life Pictures/Getty Images

                                                                                                                                        

Ils auraient mis en évidence une perception des capacités psychologiques et émotionnelles humaines par les plantes. Elles seraient capables de reconnaitre le stress des organismes et les émotions humaines. Les plantes auraient pu lire dans son esprit. Cette expérimentation a été une des premières expériences étudiant la pseudo-conscience des plantes (Mescher, Moraes, et M, 2015). Cependant ses résultats n’ont pas pu être reproduit par d’autres scientifiques.  Son expérience manque de preuves scientifiques mais elle a permis d’attirer l’attention sur des phénomènes non expliqués concernant les plantes et ont ainsi amené la question concernant la place des plantes dans notre monde et leur perception de leur environnement.

 

D’autres expériences ont été réalisées sur les plantes et l’influence de la musique. Des plantes de la famille du pois et du haricot ont été soumises à différents genres de musique et leur réponse a été étudiée. La fructification serait favorisée en présence de jazz et de musique classique, au contraire du hardrock qui entrainerait la mort de la plante (Retallack, 1973). Cela témoignerait donc d’une réaction différente de la plante en fonction de la musique et donc d’une reconnaissance des fréquences musicale. Elles possèderaient donc un système leur permettant « d’entendre » les ondes sonores. Une étude récente a mis en évidence la présence d’un système chez la plante permettant de recevoir et de reconnaitre des sons grâce à des canaux à sensibilité mécanique  (Gagliano, 2013). La perception des sons est souvent synonyme d’un stress arrivant et ainsi leur reconnaissance permettrait à la plante de s’adapter et d’y répondre. C’est le cas des vagues par exemple, qui après leur perception permettrait à la plante de changer l’expression des gènes, la production de phytohormones, la germination et la croissance (Schöner, Simon, et Schöner, 2016).

 

Cette découverte ne s’arrête pas là, en effet il a été reconnu que les plantes pouvaient produire des sons. Une plante dépendante des chauves-souris pour sa pollinisation présente un système de réflexion des écholocation des chauve-souris afin de les attirer et ainsi d’assurer sa reproduction et ce n’est pas la seule (Schöner, Simon, et Schöner, 2016). De plus, d’autre phénomène inexpliquée existe comme le desmodium gyrans qui vibre en présence de musique. Les scientifiques se posent la question de l’utilité de cette réaction car cela la rend plus visible pour les herbivores.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi la perception des plantes est beaucoup plus avancée que l’on pensait.

 

Un autre fait surprenant concernant les plantes est leur capacité à mémoriser des stimulations. Une expérience a été réalisée sur le mimosa sensitif (Mimosa pudica). Cette plante, lorsqu’elle est stimulée par toucher rétracte ses feuilles de manière à les fermer et ainsi diminue sa surface visible. Cela a été décrit comme une défenses contre les herbivores. Cependant ce processus est très couteux en énergie pour la plante et donc dangereux à répétition. Ainsi dans cette étude, les scientifiques ont mis en évidence la capacité de cette plante à mémoriser un stimuli non dangereux, le retenir et ainsi ne plus réagir en fermant ses feuilles sur le court-terme mais aussi sur le long-terme  (Gagliano et al., 2014). Cette plante ferait donc preuve d’anticipation en mémorisant des interactions avec son environnement.

 

Ainsi ces différentes études ont montré une grande perception des plantes de leur environnement mais aussi une mémorisation de celui-ci. Elles feraient donc preuve d’une compréhension de leur environnement et d’une intelligence. Cela amène beaucoup de questionnement concernant la conscience et sa définition. Il existe plusieurs théories sur la conscience. Elle est parfois classifiée selon deux types : la conscience primaire et la conscience réflective. La conscience primaire est simplement le fait de ressentir, elle est nommée par certains philosophes la « qualia ». Elle relate à l’attention qui nous fait ressentir notre environnement et son interprétation.  (Dortier, 2016). Mais la conscience passe aussi par le langage et la capacité à décrire son environnement : un sujet est conscient lorsqu’il peut exprimer un phénomène interne à lui-même  (Delacour, 2004).

                               Les plantes serait-elle capable d’une communication entre elles ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                             Documentaire Esprit des plantes – Jacques Mitsch

Ce documentaire nous montre une incroyable ingéniosité de la part des plantes pour survivre et s’adapter. On peut être vivement surpris par leur réponse face à leur environnement parfois hostile. C’est le cas par exemple en Afrique où des antilopes (Koudou) élevée en grand nombre sont mortes empoissonnées par les acacias, arbres sur lesquels elles se nourrissaient. L’acacia présente une défense naturelle contre ces herbivores : le tanin, molécule qui lui donne un gout amer et ainsi le rend peu palatable. Cependant, dans les endroits où la pression d’élevage était trop importante, cet arbre a produit cette molécule en concentration 4 fois supérieure à la normale suite à la pression herbivore, ce qui a entrainé la mort de ces antilopes. Mais le plus surprenant est que cette concentration élevée a été retrouvée dans les parcelle alentours où la pression de pâturage était plus faible. Cela témoigne ainsi d’une communication entre ces arbres. Les scientifiques se sont intéressés à ce phénomène et ont montré une communication entre les arbres par la synthèse d’un gaz : l’éthylène. Ce gaz serait dispersé et irait « avertir » les autres arbres d’une perturbation. De plus, pour pouvoir réagir de cette manière, l’arbre a mémorisé cette pression herbivore et répondu par la hausse de la concentration en tanins. Ainsi l’arbre est capable d’anticipation vis-à-vis du risque et de communication. Ceci n’est-il pas une forme d’intelligence sociale ?

 

 

 

 

 

 

Finalement, ces organismes très différents de nous, par le passé considérés immobiles et passifs face à leur environnement, nous montre des réponses à leur environnement très différentes de ce que l’on imaginait.  Ainsi la question de l’intelligence des plantes, et de façon beaucoup plus poussée une éventuelle conscience, se pose aujourd’hui. C’est un sujet très subjectif. Des preuves scientifiques nous montrent clairement que les plantes ont de surprenantes capacité de réponses face à leur environnement et peuvent s’adapter à de nombreuses conditions extrêmes. Cependant, il est difficile d’aborder cette question, beaucoup tendent à humaniser les plantes par la suite. Il est difficile d’établir une limite à cette question : jusqu’où poussé notre raisonnement ? Doit-on croire l’agriculteur Don José Carmen Garcia Martinez expliquant la taille surdimensionnée de ses légumes (choux de 45kg, pieds de maïs de 5m de haut, …) par la communication mentale avec ses plantes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ou alors faut-il penser que les plantes n’ont pas de sensation et que tout n’est que réflexe ? Un juste milieu est peut-être à trouver.

 

On pourrait penser que toutes ces capacités décrites ci-dessus sont engendrés par des réflexes primitifs sans intelligence derrière. Cependant des scientifiques ont montré l’existence d’un organe chez les plantes agissant tel un cerveau : une zone particulière de la racine. Ils ont identifié des sortes de synapses végétales transportant un neurotransmetteur : l’auxine. Ainsi l’endroit au niveau de l’apex de la racine et plus particulièrement au niveau de la zone transitoire situé entre l’apex à l’extrémité de la racine et la zone d’élongation, agirait comme un lieu de commande (Baluška et al., 2004). Mais ce système serait aussi sensible aux signaux endogène (comme hormonal) et exogène (comme les sensation) et il permettrait de les traduire en réponse fonctionnelle (croissance, …) (Baluška et al., 2010). La volonté serait donc possible chez les plantes ?

bottom of page